Parfums Paolo Gigli à Florence
Quand un parfum rare rencontre la joaillerie d’art.
Entretien avec Paolo Gigli – Par Patricia Mazy
Les parfums rares ne se trouvent pas dans les grandes parfumeries ni dans les aéroports. Les parfums de niche, sensés être plus élitistes ne sont pas toujours signe de confidentialité, d’originalité ni de qualité. Alors, qu’est-ce exactement qu’un véritable parfum rare ? Comme pour tout ce qui a trait au vrai luxe, le parfum rare est unique car empreint d’une émotion exceptionnelle liée à la qualité de ses essences et de ceux qui l’ont crée pour en faire une œuvre d’art exceptionnelle et intemporelle. Il en est un à Florence qui, outre ces qualités, s’est allié le luxe suprême de s’habiller de bouteilles d’or et de cristal toutes faites à la main et plongées dans des écrins de bois rares, pour mieux se faire désirer.
C’est à Florence, cité d’art et de beauté située au cœur de la Toscane, région qui a donné naissance à des artistes comme Raphaël, Botticelli, Leonard de Vinci et bien d’autres, que les parfums Paolo Gigli exercent leur art pour enchanter nos sens. Catherine de Médicis, toujours à la recherche de beauté et passionnée de parfums et de bijoux, porta avec elle, quand elle devint reine de France un parfum crée à Florence : ‘ L’Eau de la Reine’, créant ainsi les débuts du marché de la parfumerie en France. Dans les années 50, Nello Gigli eut l’idée pour tenter d’oublier les horreurs de la guerre et d’apporter de nouveau de l’espérance dans la vie, de créer non seulement des décorations en or sur cristal mais aussi de redécouvrir et d’approfondir la connaissance des senteurs olfactives d’un passé prestigieux. La mode étant un élément essentiel dans la création du parfum, en 1960 les fragrances fleuries se déclinent dans de très belles bouteilles décorées de marguerites en argent ciselé. Les années 70 donnent le jour à de profondes senteurs d’agrumes entourées de cristal, d’or à 24 carats et d’émaux dans le style vénitiens du 17eme. Aujourd’hui, les flacons, tous uniques, sont toujours réalisés à la main par des maîtres artisans qui utilisent des pinceaux en poil de vison et sont décorés de broderies en or et en platine. Un travail de grande précision pour obtenir un résultat extraordinairement beau. Les parfums quant à eux sont désormais caractérisés par des notes boisées et ambrées relaxantes qui imprègnent le corps durant de très longues heures car Paolo Gigli ne produit que des eaux de parfum à 20% d’essence, ce qui fait d’eux quasiment un extrait. De véritables joyaux qui distillent émotions, souvenirs, jouent avec l’inconscient et offre joie et bien être à ceux qui le portent mais aussi à ceux qui ont la chance de le sentir.
Paolo Gigli, fils du fondateur, a su maintenir la tradition tout en l’innovant. Il nous parle de la façon avec laquelle, il a allié l’artisanat de haut niveau à l’excellence olfactive.
Pouvez-vous nous raconter l’histoire de votre maison de parfums ?
Tout a commencé en 1950. Après la guerre, mon père a commencé à développer une entreprise de décoration sur le verre. Tout était fait à la main avec de l’or. Cette activité a pris de l’essor d’autant que l’exportation était importante. Au début, il ne s’agissait pas de bouteilles de parfums mais plutôt de services de verres à liqueur, à vin…Ce n’est que dix ans plus tard que mon père a commencer à créer des bouteilles pour des maisons de parfums et à s’intéresser aux senteurs. J’étais encore très jeune mais petit à petit, j’ai pris en main la situation et j’ai commencé à penser à créer des parfums pour remplir les bouteilles que nous produisions. Cela a été un succès et nous avons travaillé beaucoup pour les familles royales. Puis la production fut rapidement demandée un peu partout dans le monde grâce à la qualité et à la personnalisation des parfums et des bouteilles. Chaque personne pouvait avoir sa ligne de parfums personnelle dans des bouteilles seulement réalisée pour elle.
Pouvez-vous nous parler de la création d’un parfum ?
Tout d’abord, on choisit et on achète la fragrance de base à Grasse ou en Espagne. Je fais donc une sélection assez ample pour pouvoir répondre aux différents goûts de nos clients. Puis, on fait appel à un laboratoire spécialisé pour réaliser la composition. Ensuite celle-ci doit reposer environ un mois avant d’être filtrée. Arrivé à ce stade, le parfum est crée.
Dans la parfumerie de luxe, on parle souvent de l’importance du ‘nez’. Pouvez-nous nous en dire un peu plus à ce sujet ?
Cette personne que l’on nomme aussi créateur de fragrance est effectivement très importante. Nous faisons appel à cette personne pour effectuer la sélection des essences. Cette année par exemple, je voudrais lancer de nouveaux parfums aussi bien pour hommes que pour femmes et bien évidemment, il me donne de précieux conseil. Pour ce faire, je travaille avec ARTURETTO LANDI qui est d’origine toscane et très connu dans le monde du parfum. Il m’a beaucoup aidé.
Quels sont vos projets ?
Nous allons élargir la gamme en suivant aussi la mode parce que le parfum naturellement doit répondre à cette demande. Nous allons aussi créer de nouvelles bouteilles et de nouveaux coffrets pour les présenter.
Qui conçoit le design des bouteilles et des coffrets ?
Le design est réellement l’origine de mon travail et de celui de mon père. Pour obtenir une vaste gamme de décorations originales faites à la main et en exclusivité, je les fais faire par des artisans toscans de haut niveau. Pour le design, c’est moi qui lance l’idée et ensuite c’est eux qui la réalisent.
Pouvez-vous en dehors des gammes que vous commercialisez, créer des parfums personnalisés et donc uniques ?
Oui bien sûr. D’ailleurs nous le faisons depuis le début pour des maisons royales en Europe et au Moyen Orient. Mais nous pouvons le faire pour qui le souhaite.
Quels sont vos clients les plus importants ?
Nous travaillons avec une clientèle exclusive. La Russie est notre principal client mais nous ne travaillons qu’avec un seul distributeur ce qui garantit l’exclusivité. On travaille aussi avec l’Allemagne, le Moyen Orient, l’Iran, la Chine, l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan…On a aussi pour le moment une très belle demande de collaboration avec l’Inde. En Italie, nous ne travaillons qu’avec un seul revendeur à Milan et ce toujours dans le cadre d’une exclusivité. Nos parfums sont des parfums rares, uniques et doivent le rester.
Pourriez-vous créer une ligne de parfums pour l’Algérie ou d’autres pays africains ?
Bien sûr. Mais nous devrions étudier les fragrances spécifiques qui plaisent et avoir une demande pouvant justifier l’investissement.
Comment définiriez-vous votre métier ?
Mon métier est tout simplement celui de créateur de parfums. J’aime créer l’excellence aussi bien dans la création artistique de la présentation que de la fragrance. La beauté et la rareté d’un parfum doivent procurer du plaisir à tous nos sens. Le coffret et la bouteille font rêver avant même d’être ouverts. Le parfum ensuite enchante notre odorat et celui des personnes que nous côtoyons. C’est pour cela que la qualité et l’unicité du produit sont indispensables.